Contes en patois Francoprovençal

Il y a les contes que je connais depuis mon enfance et puis il y a tous ceux que je recueille auprès de la mémoire collective, lors de mes causeries ou des fêtes du livre où je suis invité en tant qu'écrivain.

En voici un tout petit échantillon:

 

L'astronoma

din le tin y yaeuve ino brovo homo

qué se créyé in pou astronoma

a connesson le 4 vin, le 4 luna et le 4 tin

de zétèles y sayeuve le nombra

mè du solè à se tenon à l'ombra

le nom de tote le comèta

éton gravon din sa téta

ét por ina bonna raison

qu'in la comète ponse céta saison

le vin de la comèta é tojors bon 

é en a profitonve à foison

mè ce que le tracassonve

 y lui disiant que la tarre vironve

é bin tin à ne volu rin sailli

oh mé ve n'y faré jamé incaissi

por sa raison à se definde bien 

a disi si la tarre vironve 

le pêchure pinchiron bin en be

é le granoyie n'ariant gin d'aigua

créyi zy créyi zou pon

e ve y dio como y é arrivon

 

Traduction

 

L'astronome

 

dans le temps il y avait un brave homme

qui se croyait un peu astronome

il connaissait les 4 vents, les 4 lunes et les 4 temps

des étoiles il savait le nombre

mais du soleil il se tenait à l'ombre

le nom de toutes les comètes

était gravé dans sa tête

et pour une bonne raison

quand la comète passe cette saison

le vin de la comète est toujours bon

et on en profitait à foison

mais ce qui le tracassait

on lui disait que la terre tournait

eh bien tiens il ne voulait rien savoir

et vous ne le ferez jamais changer d'avis

pour sa raison il se défendait bien

il disait si la terre tournait

les étangs pencheraient bien en bas

et les grenouilles n'auraient plus d'eau

croyez-y croyez-y pas

je vous le dis comme c'est arrivé

 

 

L'union fa la forci

 

un villionrd qu'allon pon tardon à ptafinon fi vegni se infints et leur disyi comma quien:

" ve vayi çu fagot, lion por ina corda, je van fère mon ereti, celu que sin le délion le rompra por le mitan"

y essayèrent tos, choncun à sa magnire, mè rin à fére: e yéton pon possibla.

le ponre plaignit lous pourles drôles et copa le yan du fagot. A cha yon a pri le zechalon et le brisa su sa jimbe, et leur disyi comma quien:

"ce que jè fon iqui, e ve fé vaire, que ve ayi te à gagni à demeurons unis, et si ve voli bin me crère, donnons ve tojors la man".

 

Traduction

 

L'union fait la force

 

un vieillard qui n'allait pas tarder à mourir fit venir ses enfants et leur dit comme ça:

"vous voyez ce fagot lié par une corde, je vais faire mon héritier, celui qui sans le délier le rompra par le milieu"

Ils essayèrent tous, chacun à sa manière, mais rien à faire ce n'était pas possible.

le père plaignit ses pauvres enfants et il coupa le lien du fagot.

il prit les branches une à une et les brisa sur sa jambe, puis il dit à ses enfants:

"ce que j'ai fais ici, ça vous fait voir que vous avez tout à gagner à demeurer uni, et si vous voulez bien me croire: donnez-vous toujours la main"

 

 

La platelon de riz

 

avin de modon à la villa, por allon, fère son marchi, la Benoîte appéle son Jules qu'éton en train de fromogi: "e faudra fére le dinon, su la troble j'y vé meton de riz din na sachonon, te nin feré na platelon".

Jules vin quonre un cassot, metta d'aigue et de riz dedin, et zy place te su le poéle.

e be d'un momin, le riz comminçonve à gonflon, le cassot ayie inotre magnire, à l'éton près à debordon.

Jules va vite quonre ina marmite, trinsvonze le riz dedin, ajoute de lè ina paire de litres et la marmite été tota pleina.

Pi Jules corre prindre un baqueu, bin plus grin qué la marmite.

D'affou apré le riz prene la fuite.

Alors à l'ayiume la chodyire ou qui fan le truffe por lous cayons, y mette le riz por finir de couère et to le lè que restonve à la mèson.

Quin la Benoîte à reveni du marchi, la chodyire débordonve et le riz montonve tojors.

je ne ve dis pon: la Benoîte poussi ina borlon à son Jules que modyi comme lou chin, la quoua intre le jimbes.

 

 

Traduction

 

Le plat de riz

 

Avant de partir à la ville pour aller faire son marché, Benoîte appelle son Jules qui était en train de sortir le fumier.

Elle lui dit: "il faudra faire le dîner, sur la table je te pose le sac de riz, tu le feras cuire"

Plus tard Jules vient chercher une casserole, y verse le riz dedans, puis la remplie d'eau et il y met tout à cuire sur le fourneau.

Au bout d'un moment le riz commença à gonfler, la casserole était prête à déborder.

Jules court chercher une marmite et transvase le riz dedans, puis y ajoute deux litres de lait.

Rapidement le riz gonfle, alors Jules va chercher une grande bassine, bien plus grande que la marmite.

De suite après le riz prend la fuite.

Alors Jules fonce allumer la chaudière, dans laquelle ils font cuire les pommes de terre pour les cochons.

Il y verse la bassine dedans ainsi que tout le lait qu'il reste à la maison.

Quand Benoîte revint du marché, le riz montait toujours et la chaudière débordait.

Je ne vous dis pas la gueulante qu'elle poussa à son Jules, qui fut comme un chien battu qui part la queue entre les jambes. 

 

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